Trônant au centre-ville de Rome, le Colisée fait partie des monuments antiques les plus visités de la capitale italienne et constitue en partie son charme.
Il s'agit aussi de l'édifice le plus important de l'antiquité romaine par sa taille pouvant accueillir plus de 50 000 à 80 000 spectateurs. Cet amphithéâtre reflète la prouesse technique dont les Romains ont fait preuve durant cette période.
Sa magnificence et son histoire lui ont valu une place d'honneur dans le patrimoine mondial de l'UNESCO et cet immense amphithéâtre est aussi l'une des 7 nouvelles merveilles du monde.
L'histoire du Colisée à ses débuts
Le Colisée a été construit près du Forum Romain, sur l'emplacement d'un immense lac artificiel entre l'an 70 et 72 ap.J.-C, pendant le règne de l'empereur Vespasien. Il était destiné pour remplacer l'amphithéâtre de Statilius Taurus détruit lors d'un incendie important à Rome.
Cependant, Vespasien retrouva la mort en 79 alors que les travaux n'étaient pas encore terminés. L'empereur Titus, son fils et successeur a repris le projet. Il a donc inauguré le Colisée en 80 ap.J.-C sous le nom d'Amphitheatrum Caesarum après que les travaux de construction se soient achevés.
Pour l'occasion, l'empereur a programmé une naumachie. Il a donc transformé l'immense bassin du Colisée pour faire une reproduction sur scène de la célèbre bataille navale de Corinthe contre Corcyre avec de vrais morts.
Lorsque Titus mourut en 81, son frère cadet, Domitien devient le nouvel empereur de Rome. C'est Domitien qui est à l'origine de la construction de l'hypogée : une sorte de cave située sous l'arène pour mieux la soutenir.
Les empereurs qui se sont succédé ont utilisé des matériaux de qualité pour la construction du Colisée, dont le travertin, une pierre calcaire très prisée à cette époque, puis le marbre. Pour la décoration, ils privilégiaient la brique et le tuf qui est une roche volcanique. La chaux servait de matière de liaison. Différents métaux comme le bronze étaient aussi utilisés pour relier les pierres entre elles.
Le Colisée : une structure majestueuse et imposante
Le Colisée se particularise avec sa forme elliptique, constitué de 4 étages, dont les 3 premiers comportent 80 arcades cernées par des demi-colonnes. Le dernier étage possède la forme d'un attique constitué de pilastres typique de Corinthe ainsi que des fenêtres quadrangulaires. Sa circonférence extérieure est de 524 mètres.
Comme le Colisée a une forme ovoïde et non parfaitement ronde, le plus grand axe mesure 187,77 mètres et le plus petit axe fait 155,64 mètres. Le sommet du Colisée comportait une installation de pierre saillante pour maintenir une couronne de mâts verticaux au nombre de 240 et qui servait à mettre en place un velarium qui protégeait les spectateurs des rayonnements de soleil trop forts.
Ce sont les marins et les esclaves qui s'attelaient aux manœuvres des cordages. Ils utilisaient alors des blocs d'amarrage de grande taille, placés à l'extérieur de l'édifice pour attacher les cordes.
Le centre du Colisée constitue ce qu'on appelle Cavea. L'accès aux différentes tribunes était règlementé. Si l'entrée est gratuite pour tout le monde, les places étaient numérotées en fonction de la classe sociale des spectateurs. Plus le rang social est élevé, plus bas on sera dans l'amphithéâtre afin de bénéficier d'une bonne vue.
Les places arborant l'arène étaient donc réservées aux sénateurs de la cité tandis que celles qui se trouvaient aux extrémités des axes abritaient des loges spéciales appartenant aux membres de la famille de l'empereur puis les vestales. Ces derniers jouissaient alors de la meilleure vue dans tout le Colisée.
La Cavea dédiée au grand public se trouve au niveau des arcades du rez-de-chaussée et se divise en 5 niveaux de gradins. De la même manière, les gradins inférieurs étaient réservés aux citoyens riches, les niveaux suivants aux plébéiens ou simples citoyens et ainsi de suite.
Certains groupes spécifiques comme les scribes, les prêtres, les soldats en permission, les dignitaires étrangers, etc. avaient également des places qui leur sont spécialement dédiées.
L'arène de l'amphithéâtre se situe à 3m en dessous des premiers gradins. Elle mesure 83 mètres de long sur 48 mètres de large et recouverte d'un sol en plancher. Pour certains jeux et mises en scène, du sable d'une épaisseur de 20 à 25 centimètres était versé sur le sol. Un filet était également installé sous les premiers gradins pour empêcher les bêtes sauvages de grimper vers les spectateurs lors des spectacles de chasse.
L'édifice comprenait aussi ce qu'on appelle l' « hypogée », la partie souterraine qui abritait les coulisses dans lesquelles ont été aménagés des salles privées pour les gladiateurs, des enclos pour les animaux sauvages, des espaces de stockage pour les matériels utilisés pour certaines mises en scène, etc. L'hypogée était également constitué de plusieurs couloirs qui menaient sur différentes salles, dont l'usage reste indéterminé jusqu'à aujourd'hui.
Les architectes en charge du projet de la construction du Colisée ont mis en place un système d'accès et d'évacuation rapide étant donné la capacité d'accueil importante de l'édifice. 80 entrées situées à l'extérieur s'ouvraient au rez-de-chaussée à l'extérieur, dont 76 étaient réservées au grand public. Il suffisait alors de 5 minutes pour vider l'édifice de tous ses spectateurs en cas d'urgence. Les 4 autres entrées situées sur les axes, réservées aux notables et aux combattants, étaient richement décorées avec des peintures et des statues.
Il est important de noter que les gradins du Colisée n'étaient pas équipés de sièges. Ceux qui ne voulaient pas s'asseoir sur les bancs faits de pierre apportaient donc leurs propres sièges pour profiter confortablement des différents spectacles donnés sur les lieux. Le Colisée était également équipé de 70 fontaines à eau.
L'utilisation du Colisée à travers les siècles
Pendant l'Antiquité, le Colisée était utilisé principalement pour les combats de gladiateurs. Il servit aussi de scène pour les "venatio" ou chasse aux animaux sauvages. Ces derniers provenaient d'Afrique et comprenaient des éléphants, des girafes, des crocodiles, des autruches, des hippopotames, des lions, etc.
Les artistes et techniciens de l'époque reconstituaient alors une forêt avec de vrais arbres afin de rendre la scène de chasse plus réelle. Le Colisée était également utilisé pour les condamnations à mort des prisonniers et pour tuer les chrétiens persécutés.
Lorsque Rome a été christianisé vers la période du Haut Moyen-âge, le Colisée a été transformé successivement en lieu d'habitation, en ateliers pour les artisans puis en siège d'un ordre religieux. Des combats de gladiateurs y eurent encore lieu, mais ils restaient de simples spectacles et non plus des scènes de mise à mort. Au début du Ve siècle, les empereurs Théodose et Gratien ont totalement interdit les combats de gladiateurs dans le but de mettre fin aux rites païens et festivités qui suivaient d'habitude ces combats.
À la moitié du XIIIe siècle, c'est-à-dire à l'époque médiévale, Rome a été envahi par les Normands. Le Colisée a donc été pris d'assaut par des familles seigneuriales : les Frangipani et les Annibaldi qui l'ont transformé en forteresse.
Lorsque ces dernières ont été expulsées de Rome, le Colisée devient un « bien public » et transformé en « carrière ». Les marbres, les blocs de travertin, les pierres, etc., ont été utilisés pour construire de nombreux édifices comme les palais de Venise, le port de Ripetta, la Chancellerie, etc.
Au XVe siècle, les humanistes ont tenté à maintes reprises de mener une politique de protection de l'édifice, mais ce fut un échec. Toutefois, ils continuaient de mener leur campagne pour récupérer les autres chantiers comme la basilique Saint-Pierre par exemple.
Au début du XVIe siècle, le pape Sixte a saisi le Colisée et projeta de le transformer le géant de pierre en site industriel en y faisant construire une usine de filature. Cependant, il retrouva la mort peu de temps après alors que les travaux n'ont pas encore débuté.
Au XVIIe siècle, le Colisée fut à nouveau victime de pillage. Le pape Clément XI l'a reconquis et l'a converti en entrepôt de poudre produit par une usine jouxtant l'édifice.
Au XVIIIe siècle, lorsque Benoît XIV a été élu Pape, il a sauvé l'amphithéâtre pour le consacrer aux différents cultes catholiques étant donné que l'édifice est considéré comme le lieu de torture des premiers martyrs.
Les autres papes qui lui succédèrent, à savoir, Pie VII, Léon XII et Pie VII ont réalisé d'importants travaux pour préserver l'apparence originelle de l'édifice. À cette période, les catholiques ont installé une chapelle dans le Colisée et ont mis en place les stations pour le chemin de Croix.
À la fin du XVIIIe siècle, Napoléon s'est introduit de force en Italie et a fait la conquête de Rome. Il a donc projeté de moderniser la ville en mettant en place un centre archéologique incluant le Colisée. Pour consolider l'édifice et minimiser les risques d'effondrement, des fouilles ont été réalisées.
Suite à la découverte des structures souterraines ainsi que des restes de statues, la chapelle et le chemin de Croix ont été détruits. À partir du XIXe siècle, les travaux de rénovation et de réparation du colosse en pierre ont alors commencé . Le sol a été creusé pour que l'arène retrouve son niveau d'origine, les arches ont été renforcées, la forme antique de l'hypogée lui a été restituée.
Comment le Colisée est-il devenu peu à peu une ruine ?
Si l'on se réfère à l'histoire, le Colisée a commencé à se dégrader à partir du IVe siècle lorsque Rome a été divisé en deux empires distincts et lorsque les Romains, en quête de nouveautés, commencèrent peu à peu à se détourner des divertissements traditionnels de leurs aïeux.
Les pilleurs ont donc démonté peu à peu les blocs de traversins pour les utiliser dans l'édification d'autres bâtiments. Ils les calcinaient également pour en obtenir la chaux.
À une certaine époque, un baron renommé de la région a construit plusieurs logements à l'intérieur de l'édifice ainsi qu'un cimetière. Comme le Colisée est devenu un véritable petit village isolé, une route le reliant à la colline Celio a été construite.
Entre temps, le Colisée a été victime de plusieurs tremblements de terre occasionnant d'importantes dégradations puis déserté par ses habitants. Lorsque l'Église a investi les lieux, un nouveau village a été de nouveau érigé. Des maisons furent même construites à l'extérieur, adossées à la façade du Colisée.
En 1231 puis en 1349, les régions de la côte méditerranéenne ont connu des tremblements de terre occasionnant d'importantes pertes matérielles et humaines. Rome et le Colisée en furent bien évidemment victimes. Aussi, les arches de la façade du sud et du nord-est ont totalement été détruites.
Sous l'ordre du Pape, le Colisée et ses alentours ont été assainis et complètement débarrassés des pierres qui se sont écroulées lors des tremblements de terre. Il s'en suivait alors d'un partage du site en trois sections entre l'ordre de citoyen chargé du projet d'assainissement, le financier de l'Église puis au Sénat romain.
Si l'archiconfrérie a eu droit d'utiliser les pierres tombées au sol pour les vendre, elle eut également le droit d'enlever les pierres de la façade. Ce qui a causé en partie la destruction totale de la façade du l'amphithéâtre.
Le Colisée à partir du XXe siècle jusqu'à nos jours
Au début du XXe siècle, une partie des gradins ont été entièrement reconstruite. Le Colisée a commencé à accueillir des offices religieux catholiques. Le chemin de croix a été reconstruit et c'est le pape Jean-Paul II qui l'a inauguré. Une procession a lieu annuellement au chemin de croix chaque Vendredi saint.
En 1980, le Colisée de Rome a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. En 2001, un musée dédié au dieu Éros est installé à l'étage supérieur de l'édifice. Une partie du sol en plancher de l'arène a également été rénové.
En 2007 le Colisée a été élu comme étant une des 7 nouvelles merveilles du monde par New Seven Wonders Foundation.
Aujourd'hui, les aléas climatiques, la pollution urbaine, les tremblements de terre et surtout la surfréquentation des visiteurs ne cessent de fragiliser l'édifice. Aussi, l'État subventionne 500 000 euros par an pour l'entretien et la réparation du Colisée. Pour réaliser d'importants travaux de restauration comme le colmatage des brèches et des fissures, la mise en place d'un système d'illumination plus performant, le nettoyage des pierres noircies par la pollution entre autre, les mécènes italiens ont été sollicités.
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